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Une piste prometteuse contre certains cancers du sang

04/01/2023

(Communiqué de presse UCLouvain)

En 2020, Sophie Lucas et son groupe de recherche à l’Institut de Duve parviennent à neutraliser une molécule responsable du blocage des défenses immunitaires en cas de cancer. Un essai clinique est lancé pour tester cette nouvelle immunothérapie en la combinant à une autre, déjà utilisée mais pas toujours efficace dans le mélanome et les cancers du poumon ou de la vessie. Aujourd’hui, la même équipe, et en particulier Sara Lecomte et Julien Devreux, découvre que leur immunothérapie se révèle efficace contre certains cancers du sang également, cette fois sans devoir la combiner à une autre. Leur découverte est prometteuse car ces cancers du sang sont difficiles à traiter. Elle est publiée dans Blood, un journal à très fort impact dans le domaine de l’hématologie et de l’immunologie.

Des années de recherche

Ce résultat s’inscrit dans un long parcours de recherches menées par la présidente de l’Institut de Duve et investigatrice WELBIO.

2004 : Sophie Lucas tente de comprendre le fonctionnement des cellules dites immunosuppressives, et en particulier les lymphocytes T régulateurs (T-REG), qui bloquent les réponses immunitaires en cas de cancer.
2009 : elle découvre la molécule GARP à la surface des T-REG.
2018 : la chercheuse parvient à comprendre le rôle de GARP : envoyer des signaux afin de bloquer les défenses immunitaires. Sophie Lucas et son équipe développent un outil, des anticorps anti-GARP, pour bloquer l’envoi de ces signaux. Cette découverte est publiée dans la revue Science.
2020 : les résultats des premiers tests qui combinent cette nouvelle immunothérapie et une autre ayant déjà fait ses preuves, sont prometteurs. Ils sont publiés dans Nature Communications et marquent le lancement d’une première phase de tests cliniques, actuellement en cours, avec un partenaire industriel.

Une immunothérapie pour contrer des cancers solides … et liquides

Aujourd’hui, le groupe de recherche de Sophie Lucas a réussi à démontrer que les anticorps anti-GARP développés au sein du laboratoire se révèlent très efficaces contre certains cancers du sang, dits « liquides », alors qu’ils avaient été mis au point et sont en phase de test pour des cancers dits « solides » (vessie, poumon, intestin…). En outre, le nouveau traitement agit seul dans ces cancers du sang, sans devoir le combiner avec une autre immunothérapie.

Pour les scientifiques, la découverte était inattendue. Ils savaient depuis longtemps que GARP, la molécule ciblée avec les anticorps, est exprimée sur des cellules T-REG immunosuppressives, mais aussi sur les plaquettes et les mégacaryocytes (des cellules de la moelle osseuse qui donnent naissance aux plaquettes), anormalement abondantes dans certains cancers du sang.

Efficace… pour une raison inattendue

« Nous avons étudié ces cancers du sang en particulier parce qu’ils s’accompagnent d’une prolifération anormale des mégacaryocytes et des plaquettes. Nous pensions qu’il serait intéressant de cibler ces cellules cancéreuses avec nos anticorps anti-GARP », explique la présidente de l’Institut de Duve. Les résultats étaient concluants… mais la surprise au rendez-vous ! « Effectivement, plaquettes et mégacaryocytes cancéreux expriment bien GARP, mais ce n’est pas parce que nos anticorps ciblent ces cellules-là qu’ils sont efficaces, c’est parce qu’ils ciblent les T-REG. On ne s’attendait pas du tout à ça ! » Le point d’accroche – cancers du sang, mégacaryocytes, plaquettes… - explique d’ailleurs pourquoi l’équipe de Sophie Lucas a travaillé avec des hématologues (entre autres Julien Devreux) et pourquoi l’étude est publiée dans un journal d’hématologie, Blood.


Les scientifiques de l’UCLouvain ouvrent ainsi une nouvelle piste prometteuse pour combattre certains cancers du sang.

Des anticorps anti-GARP développés par le laboratoire de Sophie Lucas sont actuellement testés dans un essai clinique de phase I pour traiter des patients souffrant de cancers dit « solides » (comme les cancers de la vessie, du poumon, du colon,…). Des travaux récents du labo montrent aujourd’hui que ces anticorps pourraient aussi servir pour le traitement de cancers du sang ou de la moelle osseuse appelés « néoplasmes myéloprolifératifs ». Bien que ces cancers « liquides » soient généralement très difficiles à traiter, les anticorps anti-GARP exercent une activité thérapeutique chez la souris même lorsqu’ils sont utilisés seuls (en « monothérapie »), en agissant sur des cellules immunosuppressives connues sous le nom de « Tregs ».
Il s’agit de la première démonstration que les anticorps anti-GARP peuvent servir de nouvelle approche d’immunothérapie pour les cancers du sang.

mAb: anticorps monoclonal
Treg: lymphocyte T régulateur
BM: moelle osseuse
GARP: molécule présente sur les Tregs et les mégacaryocytes
TGF-ß1: cytokine immunosuppressive produite par les Tregs grâce à GARP

Article décrivant cette recherche

Therapeutic activity of GARP:TGF-β1 blockade in murine primary myelofibrosis.
Lecomte S*, Devreu J*, de Streel G, van Baren N, Havelange V, Schröder D, Vaherto N, Vanhaver C, Vanderaa C, Dupuis N, Pecquet C, Coulie PG, Constantinescu S, Lucas S.
Blood (2022) 141(5): 490-502

La presse en parle

LeSoir.be - Cancer: des chercheurs de l’UCLouvain découvrent une immunothérapie prometteuse - 29/12/2022

WELRI.org - GARP dans le cancer : l'histoire continue... - 9/01/2023

EngineeringNet.be - Une immunothérapie se révèle efficace contre certains cancers du sang - 12/01/2023

RTFlash.fr- Une immunothérapie se révèle efficace contre certains cancers du sang - 14/02/2023

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Fincancement

Cette recherche a bénéficié de financements de la Fondation contre le Cancer, du European Research Council (ERC), des Actions de Recherche Concertées, du FNRS, de la Région Wallonne et de WELBIO.